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Les numéros de pages indiqués correspondent aux textes des pages concernées du livre
Conflit israélo-palestinien
« Cette situation [du conflit israélo-palestinien] favorise l’extension de la colonisation. Aujourd’hui, il y a près de 650 000 colons israéliens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, soit près d’un habitant sur quatre. Cela n’est rendu possible qu’en raison de l’occupation militaire israélienne, avec tout ce que cela implique pour les Palestiniens : domination arbitraire, absence totale de toutes les libertés, même les plus simples comme celle d’aller et venir. Sur le plan de la création de deux États, le fait que plusieurs membres de l’actuel gouvernement israélien prônent ouvertement l’annexion de la zone C et que tous récusent l’idée d’un État palestinien ne laisse que peu d’espoir aux Palestiniens.
L’avenir est donc sombre.
Si Israël semble dominer, c’est compter sans le constat que, comme le dit Jean-Paul Chagnollaud (2017), « il est impensable qu’un peuple ne puisse jamais accepter sans résistance un tel système de domination ». Il pré- vient également que pour le perpétuer, il faudra donc encore davantage de moyens de coercition et d’oppression. Ce qui implique évidemment en retour des réactions de violences sans fin avec toutes les formes de radicalisation qu’elles ne manqueront pas de générer.
Continuer comme cela revient à consolider un système d’apartheid qui ne peut que conduire à des catastrophes politiques et humanitaires. » – page 26
La haine de l’Occident
« Ce djihadisme qui a mis à feu et à sang la Libye, la Syrie ou l’Irak avant de se replier sur d’autres territoires, est un mouvement puisant ses sources dans une conception archaïque de l’islam qui conduit une partie du monde musulman à rejeter la culture, la façon de vivre et les valeurs de la civilisation occidentale, sans écarter un projet politique de califat que partagent d’ailleurs certains États arabes du golfe Arabo-Persique. C’est la haine de l’Occident qui nourrit ce djihadisme. On est très loin d’une problématique qui trouverait ses racines dans le conflit proche-oriental. Si ce conflit devait être résolu demain, ce djihadisme conquérant appuyé sur la détestation d’une partie du monde musulman à l’égard du monde occidental subsisterait. » - page 28
La politique extérieure de la France
« Il conviendrait pour cela d’infléchir notre politique extérieure, comme le propose Hakim El Karaoui (2017) : la France, comptant « la première communauté juive et la première communauté arabo-musulmane d’Europe, peut se positionner comme un pont opérationnel entre Israéliens et Palestiniens ». Il s’agirait de renforcer nos liens avec les deux partis et spécifiquement Israël pour lequel de nombreux domaines restent inexplorés, de promouvoir les initiatives des sociétés civiles améliorant les relations entre les deux populations et, enfin, de favoriser les efforts palestiniens visant à conforter leurs institutions par le bas. » - page 31
La France ne doit pas apparaître comme subordonnée aux décisions américaines
« Pour cela, il importe que la France n’apparaisse pas comme subordonnée aux décisions américaines et qu’elle s’attache « à parler avec tous les acteurs » au plus tôt. » - page 33
Une escalade de la violence au Proche Orient inéluctable
« L’escalade de la violence des actions de part et d’autre est inéluctable. Il est facile d’imaginer comment cette situation peut être exploitée par des acteurs tant intérieurs qu’extérieurs pour monter aux extrêmes : attentats suicides, emploi d’armes balistiques, de missiles…
Un tel accroissement de la violence ne peut pas être favorable à l’État d’Israël, qui se verrait dans l’obligation, pour sa survie, d’agir militai- rement et de façon très appuyée. Les États- Unis pourraient ne plus être en situation de soutenir Israël, qui serait alors placé à nouveau au ban de la société internationale, mais cette fois sans protection. Il pourrait se voir à son tour sanctionné, avec le risque d’un embargo qui ne serait pas favorable à son économie » - page 37
Les actions militaires américaines débridées sources de menaces en Europe
« En Syrie, la politique américaine était interventionniste tout en manquant singulièrement de volonté stratégique. Tout cela a conduit à des guerres et aux migrations qui s’ensuivent immanquablement. Ces migrations se sont faites essentiellement soit vers d’autres pays de la région, tels le Liban, la Turquie ou la Jordanie, soit vers l’Europe. Elles sont occasionnellement instrumentalisées par des organisations transnationales qui en font des outils de déstabilisation des sociétés d’accueil ou qui les utilisent pour infiltrer des individus qui commettront des actes violents. L’appartenance à la communauté musulmane, alors même que ces migrants sont mal accueillis, peut alors constituer une motivation suffisante. C’est vrai de Daech, c’était vrai d’Al Qaïda, et d’autres, qui n’ont pas hésité à créer des incidents en Allemagne (notamment à Berlin), mais aussi à profiter des flux de migrants pour infiltrer des terroristes (France et Belgique : attentats de Paris et de Bruxelles) ou à déstabiliser des camps de réfugiés (exemple libanais du camp d’Ersal). » - page 65
L’Iran, les mains libres grâce à la guerre d’Irak voulue par les USA
« Avec la guerre d’Irak en 2003, les États- Unis ont offert sur un plateau, dans cette partie du monde, la disparition du challenger de l’Iran. En effet, après la disparition du chef de l’État irakien, Saddam Hussein, après cette guerre voulue par les États-Unis, les Iraniens se sont trouvés affranchis de tout contrôle, de toute limite, de toute contrainte dans la gestion des affaires de la région. L’Iran a considéré qu’il avait les mains libres pour conduire sa propre stratégie afin de défendre ses intérêts » - page 68
Les djihadistes-salafistes, une idéologie totalitaire
« Les djihadistes-salafistes nourrissent l’ambition politique de domination morale et territoriale et instrumentalisent pour cela la religion musulmane qu’ils interprètent à leur avantage, à seule fin de convaincre des partisans potentiels pour construire leur combat, ainsi que l’a montré Daech. Il s’agit sans contestation possible d’une « idéologie totalitaire comme on en a connu plein au xxe siècle », ainsi que l’affirme Pierre Conesa. Certes, les fidèles ne sont pas tous des terroristes en devenir, mais à l’identique de ce que l’on a pu connaître en d’autres temps, la doctrine en question nourrit violence et criminalité. » - page 97
Russie et Turquie rêvent de nouveaux empires
« D’autre part, les capacités de la Russie ne sont pas comparables à celles de la Turquie qui reste, malgré tout, une puissance secondaire alors que la Russie ambitionne un rôle de premier plan. Aujourd’hui, tous les deux cherchent à travers l’histoire de leur empire respectif à retrouver une légitimité sur la scène internationale. » - Page 113
Renforcements des affrontements entre Turcs et Kurdes
« Cette affaire kurde est une question terriblement embarrassante pour le président turc et il est certain que sa gestion après la guerre de Syrie pose d’ores et déjà problème. Elle pourrait même conduire à des affrontements sérieux entre les Kurdes et les Turcs. » - page 119
Emergence de la Chine en Méditerranée
« Il est clair que, lentement mais sûrement, la Chine développe une position à l’international qui lui est propre et qu’elle conduit avec assurance. Sans qu’aucune nation ne fustige le péril jaune ou n’insiste sur cette stratégie expansionniste chinoise. » - page 130
L’Union européenne incapable de proposer une coopération adaptée à la situation qui devrait privilégier l’accès à un niveau de vie
« Les projets de coopération qu’elle avait, tels le Processus de Barcelone (partenariat Euromed), l’Union pour la Méditerranée (UpM) ou la politique européenne de voisinage (PEV), ne correspondaient plus aux aspirations ni aux nouvelles organisations que les pays du Sud adoptaient. L’Union européenne n’a pas été capable de se réorienter en fonction des mutations qui se déroulaient sous ses fenêtres. »- page 132
« aider ces pays à acquérir un niveau de vie qui bénéficie à leurs populations devant se rapprocher du niveau économique de l’Europe. C’est à ce prix seul qu’on peut espérer en la démocratie, la paix et la sécurité. » - page 133
Le salafisme a pour seul objectif de lutter contre notre société, contre notre façon de voir, contre nos principes, contre nos valeurs, et cela, si nécessaire, par la violence -
« Nous avons vu que les mouvements salafistes et leurs dérives violentes sont soutenus notamment par les pays du Golfe et plus particulièrement par l’Arabie séoudite qui prône et promeut le wahhabisme jusqu’à l’intérieur de nos frontières où pénètrent des agents qui essaiment dans différentes strates de la société. »
« Dans cette perspective, il faut prendre conscience que le salafisme est une doctrine qui génère en son sein des composantes djihadistes qui, pour la plupart, appellent à la violence, d’où la nécessité de les combattre. Il est temps d’ouvrir les yeux et d’abandonner cet angélisme au nom du droit à l’expression et du droit à promouvoir des idées ou des principes qui seraient sans risque pour la société. Cette posture a permis aux terroristes de prospérer dans l’Hexagone avec pour seul objectif de lutter contre notre société, contre notre façon de voir, contre nos principes, contre nos valeurs, et cela, si nécessaire, par la violence. »
« « Il est d’ailleurs légitime de s’interroger sur l’existence d’une volonté organisée de l’extérieur de combattre notre modèle républicain par le renforcement du communautarisme musulman, ainsi que l’affirmait Antoine Sfeir :
Et s’il existait une menace invisible visant à abattre le modèle républicain ? En quinze ans, l’affirmation de moins en moins sourde d’un repli communautaire a progressivement miné les principes fondateurs de la République. La visibilité croissante de l’islam, l’inquiétude suscitée par sa reconnaissance, la montée en puissance et la radicalisation d’organisations islamistes semi-clandestines, la mémoire de l’histoire coloniale, la question jamais résolue de la place et de la représentation des enfants d’immigrés… tout justifiait que nous nous intéressions à ce communautarisme-ci plutôt qu’à d’autres intégrismes. (Sfeir, 2005) » pages 168-169-170
En conclusion
« Si ces recommandations ne sont pas prises en considération, la région méditerranéenne restera la victime de luttes d’intérêts qui la dépassent et le théâtre de l’affrontement de stratégies dont elle n’est que le point d’application : rivalités entre les États-Unis et la Russie, entre chiites et sunnites, entre Iran et Arabie séoudite, etc. L’inexistence diplomatique et militaire de l’Union européenne empêchera tout développement d’une coopération Nord- Sud seule à même de stabiliser la région et de faire valoir ses priorités dans le règlement des conflits existants (Proche-Orient, Sahara occidental, Chypre, mer Égée, etc.) et sur les sujets d’inquiétude (climat, pollution, migra- tions, trafics, etc.). Les dossiers irakien, syrien, libyen ou yéménite, voire afghan, illustrent bien les situations qui peuvent être redoutées » - page 184